Marathon du Mont-Blanc

On est fiers de vous partager le compte-rendu de notre happy ambassadeur Yoann qui a couru fin juin le Marathon du Mont-Blanc, 42km et 2700m de dénivelé :

5h00, le réveil sonne, je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Tellement impatient de prendre le départ de ce trail qui me fait rêver depuis 2 ans. Cette fois-ci le tirage au sort a été favorable. J’aborde cette course avec une préparation quasi inexistante, mais en étant convaincu que ma volonté de réussir ce défi comblera le manque d’entrainement.

Chamonix est en pleine effervescence. Près 2000 coureurs se massent près de l’arche de départ. Parmi cette foule, je retrouve Fanny, cette fille pétillante, qui transmets si bien sa joie de vivre. On s’est encouragé mutuellement sur de nombreuses courses, mais c’est la première fois qu’on est sur la même ligne de départ. On décide de faire un maximum de chemin ensemble, et qu’on se retrouvera à l’arrivée.

Marathon du Mont-Blanc

7h00, le départ est donné dans une ambiance survoltée. Les 10 premiers km sont assez roulant, mais il est difficile de se frayer un chemin parmi ce peloton très compact. On préfère s’économiser pour la suite du parcours. La vallée est plongée sous la brume. La température est idéale, mais on espère survoler les nuages pour admirer la vue depuis le sommet.

KM10 – Premier ravitaillement à Argentière. On retrouve Clément qui est engagé pour faire l’assistance de Fanny.

On repart en direction de Vallorcine en empruntant à nouveau des sentiers dans la forêt. Je suis impatient de quitter la vallée, mais au moins ici nous sommes protégés de la pluie. Jusqu’ici tout va bien. Le peloton étant toujours aussi dense, on prend notre mal en patience en continuant nos discussions. Pour l’instant on est sage, mais ça ne va pas durer très longtemps :p

KM17 – Nous arrivons à Vallorcine. On remplit à bloc notre réserve d’eau pour affronter l’ascension de l’aguillette des Posettes (1000m D+ sur près de 6km).

Emma nous encourage à la sortie du ravito en faisant sonner sa cloche. Rien de mieux pour nous donner des forces juste avant d’entamer les choses sérieuses.

Marathon du Mont-Blanc

On fait face quelques mètres plus loin à une colonne de fourmis. Cette fois pas question de s’arrêter. On accélère le rythme en remontant bons nombre de coureurs. De nouveau en forêt, les chemins sont sinueux et la pente assez raide, mais pas de quoi nous décourager. On avance avec un bon rythme tout en continuant nos discussions.

Nous rejoignons un grand sentier longeant les remontés mécaniques. J’augmente légèrement la cadence en encourageant Fanny à me suivre. Quelques mètres plus loin, on rattrape Aude puis on la motive à continuer la course avec nous.

Nous arrivons au col des Posettes. Un épais brouillard nous empêche d’admirer le panorama, mais il en faut plus pour nous décourager ! Je dis à Fanny « tu vois c’est comme si on grimpait au paradis ».

Marathon du Mont-Blanc

Panneau en vue ! il est inscrit « Aguillettes des Posettes Alt 2201m ». Ça y est nous sommes au sommet ! S’en suit des passages assez techniques et rocailleux le long de la crête.

Le peloton ralenti, alors Fanny prend les devants et commence à slalomer entre les coureurs, allant même jusqu’à ouvrir de nouvelles routes sous les yeux médusés des participants !

Impressionné, je fais de mon mieux pour suivre la cadence. Je ne réalise pas encore qu’on va dévaler les 800m D- à toute vitesse. Ne m’étant jamais entrainé sur des terrains de trail cette année, c’est un véritable baptême de feu ! Je reste attentif à chaque foulée pour ne pas trébucher.

Au cours de notre descente fulgurante, le brouillard se dissipe enfin pour laisser place à ce panorama ! On profite des rares secondes de répit pour admirer la vue !

Marathon du Mont-Blanc

Il nous reste une longue série de virages en lacet jusqu’à la vallée. Fanny me distance à nouveau. Mes cuisses fument, je sens que je suis entrain de puiser dans mes réserves pour la rattraper, mais l’adrénaline est telle que je me rends pas bien compte de la prise de risque.

A chaque fin de virage, je relance ma foulée pour revenir sur elle. Je m’amuse à l’appeler de temps en temps pour lui montrer que je suis toujours dans la partie. J’essaye de gagner quelques centièmes en coupant un virage, mais je dérape et mon corps dévale la pente à pleine vitesse tout droit vers un mur d’orties. Je parviens à stopper cette descente infernale juste à temps. Belle frayeur ! Fanny se demande si tout va bien, et on repart de plus belle.

KM31 – Nouveau ravito ! Aude nous rejoint entre temps. On reprend des forces pour affronter les 12 km restant. Clément continue d’assurer avec perfection l’assistance de Fanny.

Nous repartons à 3. Je regarde rapidement le parcours tatouer sur mon bras : à suivre une ascension de 500m D+ sur 3km. On l’attaque sans avoir conscience de la difficulté qui nous attend. Très rapidement, les jambes deviennent lourdes, j’ai une sensation de mur similaire à celui du marathon. Le soleil est écrasant, nous parvenons tout juste à faire un pas après l’autre. Je repense aux copains (Solène & Cédric) qui m’ont encouragé à boire une pinte avec eux la veille en me disant que ça me donnerait des forces pour la course. Cette côte parait interminable et pour ne rien arranger ma tendinite du TFL commence à se réactiver.

La redescente est un cauchemar pour les cuisses. On peine à relancer notre course, mais on ne lâche rien en se relayant à tour de rôle la tête du trio.

Marathon du Mont-Blanc

Nous sommes pas rassuré à l’entame de la seconde côte de 600D+, mais contre toute attente celle-ci s’avère bien plus facile que la première. Un supporter nous montre l’emplacement de notre prochain ravitaillement, on ne s’attendait pas à le voir aussi tôt.  Même s’il reste encore une longue côte à franchir, on est plus motivé que jamais à atteindre le sommet, d’autant plus que je suis affamé depuis plusieurs km !

Marathon du Mont-Blanc

KM 37 – Dernier ravito au sommet de la Flégère. Je fonce tout droit vers les victuailles que les bénévoles nous ont préparé avec soin et me livre à un véritable festin à base de fromages, de saucissons et de quartiers d’oranges. Je n’en reviens pas du goût décuplé des aliments, qui est sûrement dû à ma fatigue.  Fanny finit par m’exfiltrer me rappelant qu’on a une course à finir !

On repart en longeant le flanc de la montagne. Le panorama qui s’offre à nous est tout simplement grandiose. On perçoit même le sommet du Mont-Blanc caché par quelques nuages.

Marathon du Mont-Blanc

Il nous reste une dernière ascension avant l’arrivée. Les coureurs autour de nous sont en rythme de croisière. Nous sommes aussi en pilote automatique, jusqu’à ce que Fanny entende les encouragements de Clément au loin. Elle fonce comme une balle pour le rejoindre et l’embrasser. De mon côté, je peine à relancer ma course. Au moment, où j’arrive à leur niveau je comprends que Fanny est reboosté à bloc, et qu’elle va tout donner sur le dernier km.

Je lui lance : « Tu me fatigues Fanny ! mais je te suis ! ». Seulement, je me fais rapidement distancé. Je sens que mon corps est au bout de ses limites, et que mon mental n’avait pas du tout anticipé cette accélération.

Je fais de mon mieux pour limiter l’écart, et c’est à ce moment que Clément revient à mon niveau. Il me pousse sur 2-3 mètres en m’encourageant. En une fraction de seconde mon mental reprend le dessus, la douleur disparait et je relance ma course pour revenir sur Fanny à 300m de l’arrivée.

Marathon du Mont-Blanc

On échange un grand sourire en se rendant compte qu’on allait finir ensemble une course commencée 8h plus tôt. Un sentiment de bonheur indescriptible nous envahi. J’entends les encouragements des copains. On s’élance en sprint côte à côte jusqu’à la ligne d’arrivée, en se serrant dans les bras juste après l’avoir franchi. On l’a fait !!!

Marathon du Mont-BlancBILAN

Parmi toutes les courses auxquelles j’ai participé, celle-ci restera comme l’un des plus beaux souvenirs. C’est à la fois la réalisation d’un rêve qui me paraissait tellement inaccessible il y a encore quelques d’années, et le bonheur partagé d’avoir fait cette course en duo avec Fanny du début à la fin.  Mon seul regret est de ne pas avoir pu profiter du panorama somptueux à l’aiguillettes des Posettes, mais ce n’est que partie remise car je reviendrai pour faire le parcours 80km.

J’espère que ce retour d’expérience motivera ceux qui n’ont encore jamais fait de trail à se lancer de l’aventure. Si une crevette comme moi peut y parvenir, alors vous en êtes aussi capable ! 🙂

Marathon du Mont-Blanc

 

5 Commentaires
  • Fanny
    Posté à 16:21h, 04 juillet Répondre

    Bon, ben voilà, c’est normal que j’ai envie d’y retourner maintenant ?!? On a brillé sur nos sommets matouffe, déjà tellement hâte les prochains défis et roulades dans les orties !

    • Yoann
      Posté à 10:37h, 08 juillet Répondre

      Tellement hâte d’y retourné aussi ! D’ici là espère maitriser un peu mieux ma technique de course en descente :p

  • Manon
    Posté à 18:14h, 04 juillet Répondre

    Super compte rendu qui donne des frissons !!! Bravo à vous deux !
    Tout ca ne donne qu’une envie, dépasser encore et encore ses limites pour en prendre pleins les yeux …. et Les jambes accessoirement 😉

    • Yoann
      Posté à 10:34h, 08 juillet Répondre

      Merci Manon 🙂

  • Hervé NOBLE
    Posté à 08:24h, 17 juillet Répondre

    Mon cher Yoann,
    Un grand bravo pour ta participation à ce marathon et un autre bravo pour ton reportage très vivant et tes belles photographies des Alpes !
    Pour ce qui est de l’herboristerie : toi qui sembles aimer les orties, sais-tu qu’il existe une « Soupe aux orties » ? Tu devrais en goûter ! 😉
    Une dernière question : à quand la fondation d’une assoc’ petite sœur de la vôtre et réservée aux « seniors » comme moi : j’ai déjà trouvé le nom : « Papy Running Cuit » 😉 Je suis capable de courir 10 mètres avec un « D 0,001+ » avant de m’effondrer épuisé…
    Au plaisir de te retrouver à Nice !
    Hervé

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