Sur la route du littoral : les Hauts-de-France

Parcourir le littoral français à pied et toute seule, est un rêve qu’à l’âge de 27 ans, j’ai décidé de réaliser.

Mais notre cher littoral est bien trop vaste pour que je puisse le parcourir en une seule fois. Je me suis donc résolue à le descendre en plusieurs étapes. Idéalement, en cinq correspondant aux 5 régions qui le bordent à savoir les Hauts-de-France, la Normandie, la Bretagne, les Pays-de-la-Loire et la Nouvelle-Aquitaine.

Mon voyage commence donc ici, aux portes des Hauts-de-France, ce 23 avril de l’année 2019…

JOUR 1 : Mardi 23 avril 2019

 Dunkerque > Oye Plage : 37,6kms (+ 6 environ)

Météo : nuageux, éclaircies en fin de journée

Dénivelé approximatif: presque rien

DUNKERQUE

J’ai pris mon train de bonne heure depuis Paris pour essayer d’arriver le plus tôt possible à Dunkerque.

J’y pose les pieds à 8h23 précisément et je débute mon aventure à 8h38. Juste le temps d’ajuster le sac, de ranger correctement mes affaires à l’intérieur, jeter un coup d’œil à la carte et je me mets en route !

Les premiers pas sont faciles et plein d’entrain !

J’arrive très vite dans la zone portuaire de Dunkerque, ce n’est pas très joli et il y a beaucoup de voitures et de camions.

Malgré l’absence total de balisage du GR (Grande Randonnée), je m’aperçois vite que je ne vais pas pouvoir continuer sur cette voie. Le chemin que je dois prendre passe dans les usines et l’accès m’y est interdit. Ça commence bien !

Je coupe donc à travers St-Pol-Sur-Mer et Grande-Synthe, deux petites communes pavillonnaires rattachées à Dunkerque qui ne sont pas très jolies non plus…

2h30 après être partie, j’atteins enfin un coin un peu plus sympa : Le Puythouck. C’est une petite réserve naturelle avec un lac. L’endroit est plutôt sympa, il n’y a pas de voiture et je suis « au vert » !

LOONPLAGE

Ça ne dure pas très longtemps car après un passage en forêt, je dois longer une départementale sur 2 ou 3 kilomètres. Heureusement pour moi, il y a une piste cyclable, je peux donc m’éloigner encore un peu plus des voitures.

Je ne le saurai que le soir en arrivant dans mon Airbnb mais l’hôte qui me reçoit m’y croisera en voiture, sans savoir qui j’étais, en se disant que je suis vraiment une grande tarée de passer par là ! Je suis assez d’accord avec elle, mais je n’ai pas le choix, pour traverser le canal de Bourbourg, c’est l’ « unique » chemin…

Pour cette première journée, je déjeune à Loon-Plage. Au menu, sandwich !

Je quitte Loon-Plage et me retrouve en plein milieu des champs agricoles. C’est très appréciable !

GRAVELINES & GRAND-FORT-PHILIPPE

Au kilomètre 26, j’arrive enfin sur Gravelines. Normalement, c’est ici que je devais passer la nuit  mais une annulation de dernière minute me fera passer la nuit à Oye Plage, 6 kilomètres plus loin.

Je passe donc un peu de temps à m’y balader. C’est une ville fortifiée que l’eau traverse de toutes parts. C’est très mignon et se balader autour des forteresses est assez amusant.

Premier jour oblige, c’est la seule et unique fois du voyage où je prendrais le temps de « visiter » un peu et de faire des détours pour aller voir ceci ou cela ^^

Je sors de Gravelines et longe Grand-Fort-Philippe pour rejoindre la plage, enfin ! Je remonte la digue du chenal, c’est très long et le paysage est assez monotone… Cela fait 7h30 que je marche et je suis impatiente de voir la mer !

Et elle est là enfin ! Je m’octroie une petite pause face à elle et face au phare de Petit-Fort-Philippe car j’en avais bien besoin.

RESERVE NATURELLE DU PLATIER D’OYE

Une fois ravitaillée, je repars de plus belle et cette fois-ci, on ne s’arrête plus ! Il me reste la réserve naturelle du Platie d’Oye à traverser et j’arriverai enfin à destination.

La réserve est des plus magnifique !

On passe dans des chemins escarpés, parfois d’herbe, parfois de cailloux, mais le plus souvent de sable.

On y croise de nombreux oiseaux qui chantent de bon cœur. Entre ça et le bruit des vagues, impossible de s’ennuyer ou de penser à quoi que ce soit d’autre, c’est tellement agréable !

La réserve se termine avec vue sur la mer et une petite passerelle de bois, c’est très mignon !

OYE PLAGE

Je sors de la réserve et check l’adresse de mon airbnb. Le GPS m’annonce encore 4 kilomètres quand je pensais avoir fini. Ces derniers kilomètres, je les ferai en tirant un peu la langue, bien contente d’arriver enfin…

Il est 20h quand je rencontre mamie Colette. Une très charmante dame qui vit là avec ces 4 chiens, 2 tortues et 2 perroquets. Elle et son amie m’attendaient pour dîner. Je passe à la douche avant de manger. Nous faisons connaissance à table et je vais me coucher de bonne heure.

JOUR 2 : Mercredi 24 avril 2019

Oye Plage > Wissant : 36,8kms (+ 4 environ)

Cumul HAUTS-DE-FRANCE : 73kms (+ 10 environ)

Météo : ensoleillée, couvert en fin de journée

Dénivelé approximatif: 140d+

OYE PLAGE

Comme prévu, Colette se lève en même temps que moi et me prépare le petit déjeuner. Elle me présente ces deux perroquets. L’un d’eux est rose et gris, et est vraiment magnifique !

8h10, je décolle !

Je refais en sens inverse les 4 kilomètres de la veille et récupère le GR à la sortie de la réserve, là où je l’avais laissé.

Les 5 prochains kilomètres se feront sur la plage. Je marche sur le sable dur, plutôt près de la mer et par chance, celle-ci n’est pas haute, j’ai donc toute la place qu’il me faut.

C’est la première fois que je marche sur la plage depuis que je suis partie et je me souviens que c’est à ce moment là que j’ai réalisé à quel point j’avais de la chance d’être là et à quel point c’était le pied de faire ce voyage !

 

CALAIS

Avant d’arriver sur Calais, le GR me fait passer par une petite route de gravier. Je n’y ai croisé aucune voiture heureusement, mais c’est long, c’est tout droit tout le temps et avec le soleil, ça tape bien ! Et qui plus est, je n’ai pas hâte d’arriver sur Calais…

J’envoie un message à Flo pour le prévenir de mon arrivée en zone portuaire et le préviendrai une fois en centre ville.

A partir de cet instant, je trace. Je ne fais pas la maline car l’endroit n’est pas des plus rassurant… Je me fais interpellée à plusieurs reprises, parfois depuis l’autre côté de la route, parfois sur le même trottoir. Des hommes sortent de partout, y compris de la forêt sur ma droite. Je sers fort fort fort mon sac à dos et j’avance.

Il me faut 5 kilomètres pour rejoindre le centre ville (message à Flo). Je m’arrête déjeuner sur le port, mais je n’y reste pas longtemps car j’ai vite froid.

En sortant de Calais, je retombe sur la plage. Je marche comme ça sur 10 kilomètres de sable doux et il fait beau !

CAP BLANC NEZ

Au bout de cette dizaine de kilomètres, j’aperçois Cap Blanc Nez et son obélisque. Le GR me fait passer par au dessus, je rentre donc légèrement dans les terres.

A ma montre, on est à 140m de dénivelé positif (d+), c’est peu, c’est très peu mais c’est pas du tout la même chose avec le sac à dos et la fatigue des kilomètres et des jours passés… J’ai clairement du mal et je crois que c’est une des premières fois où j’ai parlé à mes jambes en les encourageant ^^

C’est à ce moment là qu’il s’est mis à pleuvoir, pour la première fois du voyage. Paniquée, j’ai tout de suite sortie ma cape de pluie verte fluo (= vert dégueu) pour quelques goûtes de pluie. Je ne voulais absolument pas que mon sac prenne l’eau. Mais je ne l’ai pas portée bien longtemps, aussitôt sortie aussitôt rentrée.

Une fois en haut, la vue est à couper le souffle !

Je m’octroie même une montée/descente pour aller voir les falaises à leurs pieds. C’est magnifique et tellement impressionnant !

Puis, il faut déjà redescendre sur la plage, Wissant n’est plus très loin…

WISSANT

Je rejoins donc la plage pour la dernière fois de la journée. Il me reste à peine 3 kilomètres jusqu’à mon prochain Airbnb.

Wissant est un très joli petit village. Je sens que je vais m’y plaire !

Ce soir, je dors en chambre d’hôte. Personne ne m’attend et j’en suis plutôt contente. Je vais pouvoir me reposer et me gérer (repas, massage, douche, étirements etc.) comme je l’entends.

JOUR 3 : Jeudi 25 avril 2019

 Wissant > Boulogne-Sur-Mer : 29,4kms

Cumul HAUTS-DE-FRANCE : 102kms (+ 10 environ)

Météo : couvert avec quelques éclaircies, pluie en fin de journée

Dénivelé approximatif: 300d+

WISSANT

Je mets le réveil à 8h, au lieu de 7h. Avec cette heure supplémentaire, cela me fait une grosse nuit de 10 heures. Ça fait un bien fou car je commence à être fatiguée…

Le petit-déjeuner se fait sur la plage : croissant et chocolatine + jus d’orange. Avec la vue sur la mer, tout est vraiment parfait !

Je prends la route rapidement car c’est une courte journée qui m’attend. J’espère être à Boulogne le plus tôt possible afin d’avoir un peu plus de temps ce soir pour me reposer.

Une bonne partie de la matinée se déroule sur la plage. C’est couvert, mais il ne pleut pas.

Depuis ce matin, j’ai une douleur au niveau de la fesse gauche. C’est comme une pointe qui me lance à chaque pas et qui me fait boiter.

Je pense au départ que c’est une crampe ou des courbatures, alors je m’arrête 10/15 minutes pour boire et m’étirer et c’est vrai que ça va mieux. Mais lorsque je reprends la marche, la douleur revient…

CAP GRIS NEZ

En fin de matinée, j’arrive sur les falaises de Cap Gris Nez. Elles sont un peu moins proéminentes que celle de Cap Blanc Nez mais toutes aussi belles et spectaculaires !

À partir de maintenant, je ne verrai plus la côte anglaise aussi bien car je descends à présent plus nettement vers le Sud.

Ma fesse n’est plus douloureuse car je me penche davantage en avant pour marcher. A mi-parcours, c’est dorénavant mon genou droit qui me fait mal, comme si j’avais compensé quelque chose…

Je m’arrête à Ambleteuse pour manger. Depuis Cap Gris Nez, je longe de nouveau la côte en marchant sur une plage de galets. C’est plus compliqué et je pense que ça n’arrange pas mon genou…

Puis, j’emprunte un petit chemin tantôt d’herbe, tantôt de sable ; comme ce fût le cas dans la réserve naturelle le premier jour.

Mon genou droit me fait toujours mal et j’ai maintenant hâte d’arriver à Boulogne-Sur-Mer dans 6 kilomètres…

Après un petit passage sur la plage, je longe les cabanes en bois blanches et bleues de Wimereux. Je ne me souviens pas très bien de cette ville. On m’en a pourtant venté les mérites, mais j’étais trop occupée à lire chaque nom sur ces petites façades de bois.

Il y en avait pour tous les goûts ! L’une d’entre elles a même inspiré le nom que j’ai donné par la suite, à mon sac à dos (lui aussi avait bien le droit à un petit nom). Il s’appellera dorénavant Bernard !

BOULOGNE-SUR-MER

Contrairement aux deux premiers jours, et comme espéré, j’arrive de bonne heure à Boulogne : 17h (au lieu de 19h en général).

Après échange au téléphone avec l’hôte qui me reçoit, je dois patienter encore 1h30 avant de pouvoir récupérer ma chambre. Je suis fatiguée, j’ai froid et la pluie s’est mise à tomber. Je me suis mise à l’abri et j’attends…

J’en profite pour appeler mon père, ma mère et ma grande sœur. Je suis contente de les avoir au téléphone.

Mise à part Flo que j’appelle tous les soirs et qui me suit au quotidien, c’est la première fois depuis que je suis partie que j’ai de longues conversations avec « les autres ». Ça fait du bien et eux sont rassurés d’avoir un peu plus de mes nouvelles.

Finalement, j’attends moins longtemps que prévu. Il est 18h quand je peux enfin prendre possession de ma chambre.

Premier repas chaud de la semaine ! Je soigne mon genou en le massant et en lui appliquant du beaume du tigre.

Je me couche comme tous les soirs de très bonne heure…

JOUR 4 : Vendredi 26 avril 2019

Boulogne-Sur-Mer > Le-Touquet-Paris-Plage : 38,4kms

Cumul HAUTS-DE-FRANCE : 140kms (+ 10 environ)

Météo : ciel bleu la plupart du temps

Dénivelé approximatif: 220d+

BOULOGNE-SUR-MER

 Je quitte Boulogne-Sur-Mer assez tard car avant, j’aimerais passer à La Poste. Même si pour le moment, mon sac à dos ne m’a pas posé de problème, j’ai avec moi des objets que je n’utilise pas et que je n’utiliserai pas de tout le voyage. Je souhaite donc les renvoyer à Versailles pour alléger Bernard (mon sac à dos) afin que mon voyage se passe encore mieux !

Verdict : -1,5kgs !

Il est un peu plus de 9h30 quand je prends enfin la route.

Je mets du temps à sortir de Boulogne-Sur-Mer, mais une fois sur la plage, j’y reste pour une bonne partie de la journée.

A certains moments, le GR veut me faire rentrer dans les terres, sur des petits chemins comme je connais bien. Mais aujourd’hui, j’ai vraiment envie de rester sur la plage.

Plus aucune douleur à la fesse, par contre le genou droit tire quand même pas mal… J’essaie de ne pas trop y penser et d’avancer !

A midi, je déjeune à Hardelot-Plage. C’est une petite commune balnéaire sans grand intérêt pour moi. Je ne m’y attarde donc pas trop longtemps, surtout que le déjeuner n’était vraiment pas bon…

Je reprends la route. Il fait beau et marcher sur le sable (presque) désert est vraiment très agréable !

RESERVE NATURELLE DE LA BAIE DE LA CANCHE

Au 25èmekilomètre, après une courte pause, je m’apprête à rentrer dans la réserve naturelle de la Baie de la Canche. Celle-ci me fait passer dans les terres, mais je n’ai pas le choix : baie oblige !

Normalement, il me reste deux heures de marche au grand maximum. Je devrai donc arriver au Touquet sur les coups des 18 heures.

À ce moment là, je croise un couple de retraités entrain de se promener. Ils essaient de rejoindre leur voiture. La marré est entrain de remonter, ils ne peuvent pas faire demi-tour par la plage, ils sont donc un peu perdus.

Après consultation de ma carte, ils décident de me suivre dans la réserve et c’est comme ça, que nous faisons un bout de chemin ensemble.

La réserve est splendide ! Je crois que c’est de loin celle que je préfère de tout le voyage !

On progresse assez vite tout en faisant connaissance. Le courant passe très bien et c’est très agréable d’avoir de la compagnie au quatrième jour de cette randonnée !

On discute tellement bien que, même avec des petits coups d’œil régulier à la carte, nous avons réussi à quitter le GR, à nous perdre et à nous retrouver bien plus loin et plus haut que prévu ^^

Grâce à nos téléphones, on réussit à se remettre sur le bon chemin. Puis, il est temps pour nous de se dire au revoir.

Je me retrouve seule et fais le point : après deux heures de marche en leur compagnie, il me reste encore une heure de marche jusqu’à mon prochain Airbnb. J’ai donc perdu une heure mais je ne regrette rien car cela fait plaisir de partager une partie de ce voyage avec de parfaits inconnus.

LE-TOUQUET-PARIS-PLAGE

J’arrive au Touquet-Paris-Plage à 19h. Je suis éreintée…

Après un repas chaud, une bonne douche et après avoir pris soin de mon genou, je vais me coucher. Demain est une journée chargée : 41 kilomètres m’attendent.

JOUR 5 : Samedi 27 avril 2019

Le-Touquet-Paris-Plage > Quend Plage : 39,6kms

Cumul HAUTS-DE-FRANCE : 179kms (+ 12 environ)

Météo : pluie toute la matinée, énormes rafales de vent toute la journée

Dénivelé approximatif: presque rien

Je ne sais pas comment je vais vous raconter cette journée et si je vais réussir à vous y retranscrire l’horreur que j’y ai vécue, mais je vais essayer…

LE-TOUQUET-PARIS-PLAGE

Je sais que la plus grosse journée de la semaine m’attend avec plus de 40 kilomètres à parcourir. Je pars donc de très bonne heure ce samedi matin.

Au début, il ne pleut pas mais le vent est déjà bien fort. Par chance, je suis abritée par les arbres de la forêt.

Je boite dès le début, mon genou me fait mal…

STELLA PLAGE

Cela fait déjà une heure et demie que je marche, quand j’arrive enfin à Stella Plage. C’est une petite ville balnéaire dont mes compagnons de route de la veille m’avaient parlé. C’est ici que je dois regagner la plage.

Et là, je n’ai pas compris. Des rafales de vent à ne plus avancer et une pluie diluvienne ! Une véritable horreur ! En 5 secondes, je suis trempée, ma cape de pluie est déchirée, je n’ai rien pour m’abriter, la pluie continue de tomber et le vent ne cesse de me faire reculer !

Je dois prendre une décision et vite ! Je décide de faire demi-tour et de passer par les terres car même si cela me rallonge, je serai au moins à l’abri du vent. La plage est impraticable et la mer sûrement dangereuse.

BERCK

Pendant les heures qui ont suivi, je longe une départementale, je suis trempée, le vent est encore bien présent et je m’efforce tant bien que mal d’avancer tout en maintenant ma cape de pluie déchirée, afin qu’elle me protège un minimum, mon sac et moi.

Je m’effondre, je suis en larme…

Mes genoux me font mal, je suis trempée et fatiguée, je n’avance pas à cause du vent, je suis au bord d’une départementale, il pleut, ma cape de pluie est déchirée et j’ai une énorme journée qui m’attend.

J’appelle Flo, après plusieurs minutes au téléphone, il réussit à me calmer et à me rebooster.

Je fais une pause déjeuner à Berck. Il est midi quand je m’arrête manger Macdo (besoin de réconfort !). Je mange mais j’ai le moral dans les chaussettes… Je sais qu’il me reste beaucoup de route à faire, alors je repars rapidement.

BAIE DE L’AUTHIE

Le passage dans la Baie de l’Authie est une véritable horreur ! Il ne pleut plus, mais j’ai le vent de fasse, j’ai froid, je ne suis plus à l’abri, c’est très marécageux et clairement très sale (= déchets)…

Je n’avance pas ! Littéralement, je n’avance pas ! A plusieurs reprises, le vent me fige sur place. C’est très fatiguant de marcher, le sac à dos n’est à ce moment là, pas du tout un cadeau. Je suis épuisée… Ça devait être fait en 1 heure, je mets 3 heures à sortir de là ! De nouveau, je pleure…

 FORT MAHON

J’arrive à Fort-Mahon à 17h. Je devais y être pour déjeuner. Après un rapide calcul, j’ai fait 2/3 du trajet. Il me reste encore 20 kilomètres. Il est 17h30, la nuit tombe dans 2h30. Je ne sais pas comment je vais faire, je panique… Je pleure…

QUEND PLAGE

Une demi-heure plus tard, j’ai parcouru 3 kilomètres à moitié en courant, j’arrive à Quend Plage. Je suis toujours dans le même état, voir pire…

Je rappelle Flo pour lui expliquer la situation : soit je décide de continuer par la plage en étant à l’abri de rien avec une mer déchainée, la nuit qui ne va pas tarder à tomber et en risquant de me retrouver dans le noir une fois arrivée dans la réserve naturelle de la Baie de Somme / soit, je continue par les pistes cyclables, je suis à l’abri mais toujours dans le noir, avec des voitures qui vont vite juste à côté et les conséquences que ça entraîne…

 LE CROTOY

Ensemble, nous prenons la décision que ni l’une, ni l’autre de ces décisions n’est raisonnable. Je m’arrêterai donc là pour aujourd’hui. J’appelle un taxi et je fini ces 17 kilomètres jusqu’à Le Crotoy et cette 5èmejournée en voiture…

Je vais me coucher, épuisée et le moral au plus bas…

Avec le recul, je sais que c’était le meilleur choix à faire. Je ne regrette donc rien. Si c’était à refaire, je referai exactement la même chose.

JOUR 6 : Dimanche 28 avril 2019

 Le Crotoy > Mers-Les-Bains : 45,4kms

Cumul HAUTS-DE-FRANCE : 224kms (+ 12 environ)

Météo : couvert, pluie en début de matinée

Dénivelé approximatif: 167d+

LE CROTOY

Quand je me réveille, il pleut et il y a du vent. Je ne suis pas vraiment pressée de partir…

Je quitte quand même ma chambre de bonne heure dans l’idée de ne pas reproduire ce qu’il s’est passé la veille.

Cette première heure de marche est horrible. Je pense y passer la journée… La pluie n’est pas aussi terrible qu’hier matin, mais elle a quand même le don de m’agacer.

Peu à peu, elle disparaît. Il n’y a désormais que le vent et il est quant à lui, bien moins fort que la veille.

LA BAIE DE SOMME

 Après avoir emprunté une piste cyclable pendant deux ou trois kilomètres, j’arrive rapidement en Baie de Somme.

Elle est comme dans mes souvenirs, magnifique !
Je suis toute seule, il n’y a personne : juste moi, les oiseaux et les quelques chevaux que je croise sur ma route.

Un peu plus loin, je rejoins une voie de chemin de fer. C’est un petit train qui passe par là plusieurs fois par jour pour faire visiter la baie. Malheureusement, je ne le croiserai pas de la matinée, sauf en gare, à St-Valéry-sur-Somme.

Malgré les kilomètres avalés ces derniers jours et la fatigue accumulée, j’avance vite et bien !


ST-VALERY-SUR-SOMME

 Au 12èmekilomètre, j’arrive à St-Valery. C’est une charmante petite ville en pleine effervescence en ce dimanche matin, jour de marché.

J’aperçois le fameux petit train qui s’en va et j’en profite pour me prendre à manger. J’essaie une succulente boulangerie et je m’arrête même au marché, m’acheter un saucisson. Les joies du dernier jour !

Je continue de marcher en Baie de Somme. Étonnamment, je suis bien plus rapide que tous les autres jours de la semaine !

POINTE DU HOURDEL

Cela fait à présent 4h30 que je marche à ce rythme, je n’ai toujours pas mangé et j’ai hâte d’arriver au phare de la pointe de Hourdel pour y déjeuner.

Je ne m’arrête pas bien longtemps car j’ai froid, c’est rempli de touristes et même si c’est le dernier jour, j’ai quand même hâte d’arriver à Mers-les-Bains ce soir !

Je repars.

A partir de là, je sais que c’est tout droit si je passe par la plage ; un peu plus long et un peu plus tarabiscoté si je suis à la lettre le GR. Pour mon dernier jour et comme ce fût le cas la plupart du temps, je décide une fois encore de passer par la plage.

Et quelle décision ! À peine 5 minutes plus tard, que vois-je sur le banc de sable d’en face ? LES PHOQUES ! Ceux-là même dont j’avais été très déçue de ne pas apercevoir hier.

Ils sont nombreux et tranquillement allongés sur le sable. Deux d’entre eux nagent dans l’eau.

C’est un spectacle magnifique à voir et tellement surprenant ! Il y a un peu de monde, mais ça ne m’empêche pas de savourer cet instant, oh combien génialissime ! Je suis aux anges !

CAYEUX-SUR-MER

 Je marche ensuite sur cette plage de galets pendant au moins 6 kilomètres, le temps pour moi de rejoindre Cayeux-sur-Mer.

Les deux genoux tirent beaucoup, le gauche plus que le droit. J’essaye de me dire que ce n’est pas grave et que c’est tout à fait normal après tous ces kilomètres, mais à ce moment là et avec ces kilomètres de galets, c’est un peu dur…

Cayeux-sur-Mer est une petite commune pas très jolie mais honnêtement, à ce moment de ma journée et de ma semaine, je m’en fiche un peu ^^

La plage est jonchée de petite cabane en bois. Je m’amuse une fois de plus à lire chaque petit nom écrit dessus. C’est amusant et ça passe le temps.

Jusqu’à Ault, il me reste à peu près deux heures de marche, puis de Ault à Mers-les-Bains, une bonne heure devrait suffir. J’y suis presque !

Une fois de plus, le GR rentre dans les terres et me rallonge le parcours. Je décide de continuer sur un petit chemin qui borde le littoral. Les voitures peuvent y passer, mais à cette heure, je n’en croiserai que très peu.

Ce petit chemin longe un endroit qu’on appelle « le Hable d’Ault ». Cela ressemble à une réserve naturelle et j’y croise énormément d’oiseaux. Hormis les quelques voitures sur ma route et cette infinie ligne droite, c’est très joli !

Puis, quelques dizaines de minutes avant d’arriver à Ault, j’ai ma maman au téléphone. Avec elle, le temps passe beaucoup plus vite et me fait oublier un instant mes genoux qui grincent…

AULT

À partir de Ault, ça grimpe et me voici dorénavant sur les falaises. Une fois de plus, je suis éblouie par la vue et cette lumière. C’est juste sublime !

J’ai l’impression que les falaises se moquent de moi. Il me reste à peine 6 kilomètres et je ne vois toujours pas Mers-les-Bains, pourtant c’est droit devant moi.

Cette dernière heure, je la passe à monter et descendre les falaises. À certains endroits, je suis obligée de m’aider de mes mains pour monter tellement c’est raide. À d’autres, je suis obligée de descendre sur les fesses pour ne pas tomber.

Je passe aussi dans les champs, à quelques mètres seulement des vaches, en franchissant plusieurs échaliers et je traverse également une forêt, au Bois de Cise.

Et puis, je discute avec Bernard qui a été remarquablement silencieux du début à la fin et je l’en remercie !

Je remercie également chaque partie de mon corps en disant à « tout le monde » que je suis fière d’eux et combien je leur suis reconnaissante de me laisser faire ce genre de chose ! (en l’écrivant, je m’aperçois que c’est ridicule, mais c’est exactement ce que j’ai fait à ce moment là, alors…)

MERS-LES-BAINS / LE TREPORT

 J’arrive à Mers-les-Bains à 19h16 exactement, après plus de 224 kilomètres sur la côte littorale des Hauts-de-France.

Je suis tellement fière de moi ! Oui, à cet instant précis, je suis vraiment très fière de moi ! Je pleure de bonheur, je pleure de joie !

JOUR 7 : Lundi 29 avril 2019

Mers-Les-Bains & le Tréport

 Hier soir, il m’aura fallu 4 kilomètres de plus pour rejoindre mon Airbnb. Je me réveille ce matin, avant même que le réveil ne sonne.

Après m’être préparée, je descends prendre le petit déjeuner. Agnès, mon hôte, se joint à moi pour une tasse de thé. Pendant que je déjeune, nous discutons. Nous partageons les mêmes valeurs et à nous deux, pendant une heure, nous refaisons le monde !

Ensuite, je vais me balader en ville et j’en profite pour faire quelques achats. Le port est très sympa et il fait beau !

A midi, je rejoins une collègue qui est en vacances à Mers-Les-Bains. Un restaurant de poisson, une balade sur la plage et il est déjà l’heure de repartir…

Mon voyage ne s’arrête pas là. Il ne fait que commencer…

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